Pourtant, il a 14ans d’expériences dans le domaine. Il est humble, effacé et toujours prêt à partager ses connaissances. On vous propose cette interview bourrée d’anecdotes plus marrantes les unes que les autres.
Alors comment es-tu arrivé au métier d’assistant réalisateur ? Parle nous de tes débuts !
C’est une longue histoire que je ferai l’effort de résumer. Tout a commencé lors de mon séjour de 6 mois au Nigéria où j’ai découvert le cinéma professionnel. Une fois là-bas, je me suis rendu à l’évidence que le cinéma est un métier et non un passe-temps comme je le pratiquais quelques fois en suivant mes ainés sur des plateaux de tournage à Cotonou. J’avais le choix entre exercer ce métier au Nigéria ou rentrer dans mon pays le Bénin afin de commencer ma propre carrière. Je suis rentré. J’ai d’abord décidé de travailler à la Gestion de production de cinéma et de l’audiovisuel, le poste le plus proche de mes études de comptabilité -gestion.
Mais, les premières personnes auprès de qui je faisais mes premiers pas m’ont conseillé de me tourner vers l’assistanat de la réalisation. Selon eux, je ferais un excellent directeur de production plus tard si j’optais pour cette section. Et comme j’aime être excellent dans tout ce que je fais, je me suis lancé. J’ai fait la connaissance du réalisateur François KANDONOU. Il a été l’un des plus généreux en mettant à ma disposition, la 1re édition du livre ASSISTANT RÉALISATEUR de Jean-Philippe BLIME. En ce moment, on était à LAHA PRODUCTIONS à Cotonou. Dans ce livre, j’ai découvert l’AFAR (l’Association Française des Assistants Réalisateurs) qui m’a permis d’échanger avec de grands assistants réalisateurs comme Ali CHERKAOUI (mon grand maître), Norbert DAMMANN et pleins d’autres assistants réalisateurs français, belges, canadiens, américains, qui m’envoyaient leurs fiches de préparation et de tournage ainsi que des livres. Après, à travers plusieurs concours de circonstance, j’ai rencontré des personnes comme Akala AKAMBI, Directeur de la cinématographie d’alors, qui m’a permis de bosser avec toutes les équipes de tournage qui venaient de l’étranger (Espagne, Canada, Espagne, Argentine, …) tourner à Cotonou de 2008 à 2015. En gros, c’est un peu ça !
Intéressant… Alors ton métier, c’est apporter du café au réalisateur ?
Rire … Non. Un assistant réalisateur est celui qui organise et assure le bon déroulement du tournage d’un film, d’une série, d’une émission, etc. Comparé à un orchestre, le réalisateur représente le chef d’orchestre et l’assistant réalisateur est le métronome. Il est le bras droit du réalisateur et l’interlocuteur privilégié de toute l’équipe.
C’est donc un apprenti réalisateur ?
Pas forcément. L’assistanat de réalisation est un métier à part entière. Ce n’est pas un métier intermédiaire comme sa dénomination peut le faire croire. Et ce n’est pas un passage obligé pour devenir réalisateur. J’ai des devanciers en Afrique, en Europe et aux États-Unis qui ont déjà fait plus de 30 ans à ce poste et continuent d’assumer leur tâche avec le même plaisir.
Il y a-t-il des femmes assistantes real ?
Oui, le métier est ouvert aux hommes comme aux femmes. J’ai déjà collaboré avec de très bonnes assistantes réalisatrices. Mais les hommes sont les plus nombreux.
Quel a été ton plus beau souvenir dans ce métier ?
Oh ! Des souvenirs, il y en a tellement. Chaque projet est rempli de bons souvenirs. Bon, un jour, en 2013, j’étais premier assistant sur un projet de série hors du pays. C’était très dur. Je dormais à peine 3h sur 24 et un matin à 4h30, je reçois un message de DJIMON HOUNSOU qui me souhaite BON ANNIVERSAIRE. (Rire) J’avais complètement oublié que c’était mon jour de naissance. Et ce jour, j’ai foncé comme pas possible, galvanisé par le message de cette icône internationale. Je me demande si ces personnes savent ce qu’ils nous apportent par un simple mot ou par une simple attention ? (Rire).
Quel a été le challenge ou défi le plus énorme que tu as dû relever dans ce métier ?
Chaque moment du tournage est un défi unique. Le seul fait de s’adapter à chaque réalisateur, à chaque équipe, à chaque pays, trouver selon chaque histoire sa gestion optimale, sont d’énormes défis. Mais j’en ai connu de plus mémorables.
Un jour, en 2009 je tournais sur le tarmac d’un aéroport où nous avons eu énormément de mal à avoir l’autorisation de faire entrer notre équipe pour tourner dans ce lieu très sensible pour tout pays au monde. Une compagnie aérienne de la place nous a affecté un avion pour 45 minutes dont 30 (minutes) de vol. Il nous fallait faire une séquence au sol avant de décoller. Mais sur une piste à côté était posé l’avion présidentiel nigérian NIGERIA AIR FORCE, en marche. Alors l’ingénieur son, un français de grande renommée, très remonté, refuse de tourner à cause du bruit du moteur de l’avion. Et devant une équipe d’une cinquantaine de personnes avec une bonne partie venue de Paris pour une durée très limitée, je suis unanimement désigné pour gérer cette situation. Je ne me sentais pas du tout à la hauteur. Avec l’encouragement des personnes les plus âgées du plateau, j’ai repris un peu confiance en moi et je suis allé vers les membres de l’équipage de l’avion. Tremblant et balbutiant, je leur ai expliqué la situation avec mon anglais très approximatif (rire) et ils m’ont dit que ce n’est ni possible d’éteindre le moteur ni de déplacer l’appareil puisque le premier Ministre est juste là à la salle d’honneur et qu’il ne tarderait pas à monter à bord. Mais nous, on avait déjà perdu 20 minutes au sol. Je retournais vers mon équipe avec ce message d’échec. Tout le monde me regardait et arrivé à mi-chemin entre mon équipe et l’équipage de l’avion, j’ai décidé de faire demi-tour. J’ai demandé à parler au pilote. Justement il était à l’intérieur et j’ai insisté auprès de lui. Après une brève réflexion, il me demande si ça nous arrangeait s’il positionne l’appareil sur une piste à l’autre bout de l’aéroport. Cinq minutes plus tard, l’avion n’était plus là et je suis pris en triomphe par toute l’équipe, content d’avoir faire déplacer un avion présidentiel sur le tarmac d’un aéroport international. (Rire)
Qu’as-tu à dire à toute personne désireuse de se lancer dans la carrière d’assistant réalisateur ? Quelles doivent être ses armes ?
N’attendez pas de la reconnaissance en faisant ce travail, vous serez déçus.
Sincérité, fiabilité, courage et surtout amour du travail et amour envers ceux avec qui tu travailles. Visez l’excellence en toute simplicité. Je vous remercie.
ℹ️ Article et interview par Nelly Behanzin pour Ecran Bénin.