Paris, lundi 12 janvier 2009,
J’ai appris avec une grande tristesse le décès de Claude Berri.
Avec Claude Berri disparaît une personnalité particulièrement emblématique et attachante du cinéma français qui perd un de ses réalisateurs et un de ses producteurs les plus doués et les plus affûtés. Grâce à ses intuitions fulgurantes et à sa sensibilité exacerbée, Claude Berri a su débusquer de nombreux succès populaires, dont tout récemment, « Bienvenue chez les ch’tis », mais aussi des films artistiquement plus risqués tel que « La graine et le mulet ».
Je veux donc rendre hommage à celui qui incarnait à merveille l’ambition que nous prêtons, en France et en Europe, au 7e art, un cinéma résolument ancré dans la pluralité, un cinéma réconcilié avec tous ses genres et toutes ses formes. Claude Berri qui a accompagné des films très différents et travaillé avec les plus grands cinéastes français aura voué sa vie à défendre cette conception du cinéma.
Producteur miraculeux et éclectique, Claude Berri était également un réalisateur de talent qui savait toucher les spectateurs : on se souvient notamment du très émouvant « Tchao Pantin » mais aussi de ses adaptations très réussies de « Jean de Florette » et « Manon des sources », « Germinal » ou plus récemment « Ensemble c’est tout ».
Esthète avide de nouveauté, dénicheur et collectionneur inspiré d’œuvres d’art contemporaines, Claude Berri aimait aussi interroger les correspondances et explorer les affinités entre les différentes formes de création. C’est à lui que l’on doit la très belle exposition « Renoir, Renoir ? » organisée à la Cinémathèque Française, institution qu’il a présidée de 2003 à 2007 et à laquelle il a insufflé un élan audacieux et inventif.
Je garderai le souvenir d’un homme courageux, entier et raffiné mais aussi celui d’un homme tendre, profondément fragile et douloureusement meurtri qui puisait dans sa quête inlassable de l’art les émerveillements et les enthousiasmes nécessaires pour oublier ses fêlures et conjurer ses démons. Claude Berri va désormais terriblement nous manquer.
Je pense aujourd’hui à sa famille, en particulier à ses deux fils, Thomas et Darius Langmann et à sa compagne Nathalie Rheims, ainsi qu’à l’ensemble de ses proches et je leur adresse à tous mes plus sincères condoléances.
Véronique Cayla